mercredi 10 avril 2013

Se questo è un uomo







"     Quoi qu'il en soit, le 11 avril 1987 la mort avait rattrapé Primo Levi.
      Dès octobre 1945, pourtant, après la longue odyssée de son retour d'Auschwitz qu'il raconte dans La trève, il avait commencé à écrire son premier livre, Se questo è un uomo. Il l'avait fait dans la hâte, la fièvre, une sorte d'allégresse. "Les choses que j'avais vécues, souffertes, me brulaient de l'intérieur, a-t-il écrit plus tard. Je me sentais plus proche des morts que des vivants, je me sentais coupable d'être un homme, parce que les hommes avaient construit Auschwitz et qu'Auschwitz avait englouti des millions d'êtres humains, nombre d'amis personnels et une femme qui était près de mon coeur. Il me semblait que je me purifiais en racontant, je me sentais semblable au vieux marin de Coleridge..."
     C'est en effet, une citation de poème de Coleridge qui se trouve en exergue du dernier livre de Levi, I sommersi e i salvati, dont le titre (Les naufragés et les rescapés) reprend celui d'un chapitre de Si c'est un homme :

Since then, at an uncertain hour,
That agony returns :
And till my ghastly tale is told
This heart within me burns

(...)


     Quoi qu'il en soit, le 11 avril 1987 la mort avait rattrapé Primo Levi.
     Pourquoi, quarante ans après, ses souvenirs avaient-ils cessé d'être une richesse ? Pourquoi avait-il perdu la paix que l'écriture semblait lui avoir rendue ? Qu'était-il advenu dans sa mémoire, quel cataclysme, ce samedi là ? Pourquoi lui était-il soudain devenu impossible d'assumer l'atrocité de ses souvenirs ?
     Une ultime fois, sans recours ni remède, l'angoisse s'était imposée, tout simplement. Sans esquive ni espoir possibles. L'angoisse dont il décrivait les symptômes dans les dernières lignes de La trève.
     "Nulla era vero all'infuori del Lager. Il resto era breve vacanza o inganno dei sensi, sogno.."
     Rien n'était vrai en dehors du camps, tout simplement. Le reste n'aura été que brève vacance, illusion des sens, songe incertain : voilà.  "
 
L'écriture ou la vie, George Semprun

     Pour Primo Levi comme pour George Semprun et bien d'autres survivants de la Shoah, survivre est impossible sans témoigner de leur expérience.
     Durant mon année de 1ère L, nous avons eu la chance de travailler sur Le Devoir de Mémoire et d'avoir été accompagnés en Pologne afin de visiter les camps de concentration. Là bas nous attendait Ginette Kolinka, déportée le 13 mars 1944 à Auschwitz-Birkenau par le convoi N°77. Elle nous accompagnait alors que nous parcourions le camp et nous parlait, nous racontait, partageait des souvenirs pour le moins douloureux. Ainsi, elle nous a montré sa couche, qu'elle partageait avec sept autres femmes et jeunes filles :




Quelques photo' de notre visite :







     "Primo Levi meurt le 11 avril 1987 à la suite d'une chute qu'il fit dans l'escalier intérieur de son immeuble. La plupart de ses biographes (Angier, Thomson) abondent dans le sens du légiste, qui conclut que Levi s'est suicidé." Wikipedia


     J'espère que vous avez lu cet article en entier car Ginette nous a dit qu'elle était heureuse de voir que nous nous sentions concernés, que nous nous intéressions à son histoire car elle avait bien souvent eu l'impression de "casser les pieds des jeunes avec ses histoires".






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